Joseph Merklin
L'orgue Merklin de la Rédemption, bien plus qu'un simple relevage, exige une restauration globale et complète. En effet, si l'instrument depuis sa construction a bénéficié de travaux de relevages, notamment en 1936 et 1956, pour ne citer que les chantiers les plus importants, il n'a jamais fait l'objet d'une restauration à proprement parler, qui seule traite en profondeur les effets de l'usure et du vieillissement.
Si l'on avait il y a quelques années envisagé quelques temps une restauration par plans sonores (par claviers) afin d'étaler les dépenses et d'éviter un arrêt complet, cette option n'est plus à l'ordre du jour à présent, tant l'ensemble des éléments est délabré ...
Les auditions et concerts ont cessé depuis environ cinq ans; le concours d'entrée de la classe du CNSM de Lyon avait lieu encore à cette époque à la Rédemption, pour la partie symphonique du programme. Aujourd'hui, on ne peut même plus utiliser l'orgue pour le simple accompagnement des chants d'assemblée lors des offices. Il n'y a plus suffisamment d'air: l'ensemble de la soufflerie et du système d'alimentation est entièrement hors d'usage. Les peaux assurant l'étanchéité sont « cuites» au point qu'elles se désagrègent dès qu'on les touche, les sommiers perdent de toute part, le buffet est traversé de vastes courants d'air du fait des déperditions à tous les niveaux de la chaîne. Les tubes de plomb qui alimentent en air les tuyaux postés sont gangrénés de corrosion.
La mécanique est usée jusqu'à la corde, les notes cassent ou se coincent d'une manière fréquente et aléatoire, sans qu'il soit possible de prévoir ou de remédier aux pannes.
La tuyauterie de bois est à certains endroits attaquée par les vers; les tuyaux de métal sont pour les plus grands parfois affaissés sur eux-même, ou bosselés.
Malgré le dépoussiérage de surface effectué dans les endroits accessibles après les travaux de restauration de l'église, qui tend à donner une apparence plutôt flatteuse à l'ensemble, les tuyaux sont chargés intérieurement de poussière, les fines particules de pierre se sont insinuées en des parties éloignées et cachées de la mécanique, accentuant les effets de l'usure par une abrasion accélérée, ce que seul un examen attentif peut révéler. A celà s'ajoute depuis les décénies passées les effets dévastateurs du chauffage à air pulsé de l'église.
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