A la suite de travaux d'entretien et de dépoussiérage, vers 1910-1911, la soufflerie est électrifiée en 1919. Les deux gigantesques pompes en bois et fonte que l'on peut encore admirer aujourd'hui seront désormais inutilisées!
Après quelques travaux d'entretien en 1925, au cours desquels certains tuyaux affaissés sont redressés, le premier véritable relevage d'importance eut lieu en 1936 et 1937. Au relevage mécanique des parties défectueuses s'ajoutait la réharmonisation de certains jeux, annonçant sans doute les débuts d'une « néo-classicisation » de l'instrument. Mais on remplaçait avant tout la transmission électrique du positif, innovation de Merklin (ou de Charles Michel?) jugée originale en son temps, par une machine Barker, au profit de la cohérence musicale et esthétique de l'ensemble.
Les travaux les plus importants de l'histoire de l'orgue eurent lieu en 1956. Un rapport de Michel-Merklin et Kuhn fait état en 1954 de tuyaux affaissés, de machines Barker dont les peaux sont à changer, d'une poussière envahissante, d'une mécanique usée, et conclut en ces termes:
« Nous pensons qu'il serait temps de songer au relevage de cet instrument dont la paroisse et le facteur peuvent s'enorgueillir à juste titre: pouvant le classer parmi les plus beaux et les plus importants de tout le Sud-Est de la France ».
La décision du relevage fut prise à la fin de l'année 1955, et les travaux commencés au début de l'année suivante se prolongèrent durant presque douze mois. Il est vrai qu'ils s'accompagnaient de modifications esthétiques importantes.
Certains jeux étaient remplacés par d'autres plus au goût de l'esthétique néoclassique alors en pleine expansion, d'autres encore étaient déplacés d'un clavier à l'autre, et le Récit faisait l'objet d'un agrandissement important par I'ajoût d'une dizaine de jeux sur un sommier pneumatique.
Si les transformations accomplies ne dénaturaient pas l'instrument fondamentalement, l'équilibre esthétique symphonique était néanmoins quelque peu altéré avec la transformation du clavier de Positif en clavier néoclassique.
On reproche à cette époque aux instruments symphoniques ce qui constitue justement leur caractère: l'épaisseur de leur pâte sonore, imitant l'orchestre, le nombre important de leurs jeux de fond que l'on trouve redondants, le manque de jeux de détails.
L'orgue de la Rédemption n'échappe pas à la mode qui consiste à remplacer des jeux de gambe et de flûte par des plein-jeux scintillants de taille étroite, à vrai dire peu adaptés aux fondamentales sur lesquelles ils s'appuieront, par des jeux dits de « mutations », tierces, nasards, flageolets, des anches symphoniques par des cromomes, etc. , afin de pouvoir, du moins le croit-on, interpréter les répertoires des 17èmes et 18èmes siècles. On oublie que tout instrument doit avoir une cohérence de conception au départ, et que de telles adaptations sont en général vouées à l'échec.
Malgré ces quelques aménagements, l'orgue de la Rédemption, contrairement à d'autres grands instruments lyonnais, conservait cependant la cohérence de son architecture et de sa conception symphonique initiale. Ces transformations n'ont pas altéré l'instrument à un point tel que l'on ne puisse envisager un jour une restitution de son état original.
Les travaux effectués apportaient ainsi les modifications suivantes que l'on pourrait résumer rapidement ainsi :
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La transformation de certains jeux jugés trop symphoniques: par exemple l'octave de 4', utilisée auparavant pour colorer les jeux d'anches, transformée en flûte douce, ou la flûte traversière du positif en cor de nuit ...
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La multiplication des jeux de mixtures et de mutation, qui prenaient la place de jeux supprimés tels la gambe en bois du grand-orgue, ou de jeux déplacés sur des ajoûts pneumatiques, tel le cornet.
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La réharmonisation de certains jeux, la baisse des pressions de l'instrument pour l'adoucir.
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L'installation d'un sommier pneumatique supplémentaire dans la boite du récit, afin d'ajouter encore plusieurs jeux aigus dont les tuyaux étaient issus pour certains des éléments supprimés par ailleurs, afin de tenter encore d'élargir la palette sonore par tous les moyens possibles, mais aussi de flatter la paroisse pour l'importance de son instrument, en concurrence avec celui de Saint-Bonaventure pour ce qui est du nombre de jeux.
L'ensemble des travaux, inaugurés le 10 décembre 56, avaient été réalisés pour la somme de deux millions sept-cent mille francs, pour la plus grande partie payée par la fabrique.
Une vingtaine d'années après, l'état de l'orgue de la Rédemption nécessitait déjà une restauration: la maison Dunand proposait à la demande de la paroisse diverses solutions coûteuses de transformation et de déplacement de l'instrument, non retenues du fait des sommes importantes qu'elles requerraient.
Outre Dunand, l'entreprise Ruche avait été contactée: elle proposait l'électrification de l'orgue: par bonheur cette option ne fut pas retenue, elle aurait signé la dégradation définitive d'un des plus beaux instruments de la région. Le facteur Micolle fut finalement choisi pour un relevage avec changement des mixtures jugées inesthétiques, l'option d'électrification proposée en addition ne fut heureusement par retenue par l'organiste titulaire. L'orgue fut inauguré le 10 mars 1977.
Le relevage devait avoir été limité, car dès 1985, la même entreprise restaurait les machines Barker, et proposait à la paroisse une rénovation de la mécanique dont le prix dut effrayer les responsables paroissiaux, car il n'y fut pas donné suite.
Ces travaux successifs révèlent la portée limitée d'un simple relevage sur un instrument déjà vieux de près d'un siècle: on préfère consacrer les sommes requises pour une véritable restauration à des aménagements esthétiques et à des changements de jeux. Or l'orgue a de plus en plus besoin d'un véritable restauration. La dégradation de ses éléments ne fait que s'accentuer malgré les interventions au fil des ans. Aucun travaux significatifs ne furent réalisés jusqu'à aujourd'hui mis à part quelques interventions ponctuelles, hormis une restauration de la mécanique du positif (de la machine Barker au sommier), fort bien réalisée par le facteur d'orgue Paul Manuel en 1996, décidée en priorité, faute de moyens supplémentaires, pour pallier les très nombreuses pannes de ce clavier.
La restauration intérieure de l'église sonnait le coup de grâce de l'instrument. On attendit malheureusement la deuxième partie de ces travaux considérables (partie choeur) pour installer une protection étanche de l'orgue (palissade). Toute la restauration de la nef avait en effet été réalisée alors que l'instrument était couvert d'une simple bâche, et donc à la merci d'une poussière de pierre abondante et corrosive.
L'orgue de la Rédemption exigeait déjà une restauration mécanique en 1984, on peut donc facilement imaginer l'état de déliquescence qui le caractérise aujourd'hui!
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